Echos de la Butte Rouge n° 5

Sommaire

Editorial

Le courage de l'avenir

Qu’est-ce qui circule, qu’est-ce qui est transmis, qu’est-ce qui est oublié dans l’histoire de ceux et celles qui nous ont précédés ?
Mémoire habitante, mémoire des lieux, mémoire personnelle et mémoire collective, autant de strates qui se superposent pour composer le mille-feuilles que nous habitons.

Que dit de nous le fantasme de la table rase ?
Sommes-nous nés de ce jour ou bien avons-nous été portés par nos ancêtres ?
Suivez-nous dans ce petit voyage dans le temps et dans l’espace que nous vous proposons.

Nous vous parlerons de ce qui se déplace librement, de ce qui est empêché, mais aussi et surtout du courage de celles et ceux qui résistent et continuent de préserver la vie pour qu’elle puisse réapparaître de l’autre côté de la tempête, c’est-à-dire le couragede l’avenir.

Ouvertures

Où que l’on se trouve à la Butte Rouge, on circule librement. On passe ainsi d’une vaste place ouverte où peuvent se retrouver les résidents, à des espaces plus intimistes, des jardins secrets, des allées qui serpentent entre les immeubles et font déboucher de manière imprévisible là où l’on n’imaginait rien de tel.

De grands arbres, des bosquets, des pelouses participent à ce jeu spatial qui crée une ambiance propice au mouvement, à la rencontre, au cheminement. Un maillage serré de voies, de chemins et d’escaliers permet à ces divers espaces d’être reliés entre eux.
« Je me sens à la fois en présence avec les autres, mais je suis aussi en mesure de me mettre en retrait. Je respire librement à la Butte Rouge, tout comme à l’intérieur de mon appartement », témoigne une habitante.

En effet, les appartements traversants, grâce à leurs fenêtres horizontales aux
multiples orientations, obéissent à ce même principe d’une circulation aisée d’un
lieu à un autre, d’une ambiance à une autre avec le plaisir qui en résulte.

Mais voici que, cheminant dans la cité-jardin, on se heurte soudain à une rangée
de fenêtres et de portes murées ; un peu plus loin, même frisson, un étage entier
est condamné. De loin en loin, on prend ainsi conscience que de nombreux bâtiments sont hermétiquement clos. Les murs se couvrent de moisissure, les issues sont bouchées. Comme si quelque puissance hostile s’était infiltrée dans la cité-jardin et commençait à la ronger d’un mal sournois. Des souvenirs de la dernière guerre reviennent à l’esprit de personnes âgées, relatant l’arrivée des soldats allemands qui ont été parmi les premiers occupants de certains
logements de la Butte Rouge.

Des prisonniers de guerre ont été exécutés non loin de là dans le parc de la Vallée-aux-Loups.
Pourquoi laisser des logements historiques à l’abandon jusqu’à les condamner ?
Quelle est la promesse d’avenir de ces pans de mur aveugles, sans air ni lumière ?

Résistances

Solidarité et sociabilité vont de pair comme l’avers et le revers de la même pièce.
En temps de paix, on va et vient librement. Le génie de la Butte Rouge favorise les rencontres et les conversations. Mais lorsque la liberté fut menacée pendant
l’Occupation, c’est alors que la solidarité et le courage de  certaines personnes prirent la relève.

1936, ce n’est pas encore la guerre en France, mais déjà l’Espagne subit une terrible guerre civile. On décide d’accueillir des enfants espagnols réfugiés. Puis, en 1938, ce sera au tour des dirigeants du Parti social démocrate allemand (SPD), exilés après la prise de pouvoir par Hitler d’être accueillis à La Butte. Otto Wels, le dirigeant du parti, le seul à s’opposer lors de la tristement célèbre séance du Reichstag de 1933, ainsi que quelques autres membres, dont Erich Hollenhauer, ont été logés, rue Albert-Thomas. Un habitant se souvient que le fils de ce dernier avait appris à jouer aux échecs à son père, alors jeune garçon.

1940, cette fois-ci la France entre en guerre. Pour J.C., habitant de la Butte Rouge alors âgé de quatre ans, ce sont des flashes acoustiques qui lui reviennent en premier, les explosions qui suivaient les bombardements de l’aérodrome de Villacoublay. L’armée allemande réquisitionnera certains
bâtiments ; ainsi l’école Thomas-Masaryk et les premiers immeubles de la rue
Francis-de-Pressensé, à peine terminés, ont-ils été d’abord occupés par l’armée.
Beaucoup d’habitantes et d’habitants entrent en résistance active. Une plaque commémore aujourd’hui l’action de Marthe Marie Potvin qui sauva une famille juive de la déportation en les hébergeant chez elle, rue Charles-Longuet.

Une autre résistante, le médecin Anne Noury a également joué un rôle important. Elle fut le premier médecin du dispensaire de la Butte Rouge alors que celui-ci
n’était encore qu’un local installé dans un pavillon de la rue Edouard-Vaillant.
La mémoire des résistants de la Butte, Eugène Clotrier, Jean Sintès, Joseph Lahuec, Vincent Fayo et Hélène Roederer, entre autres, dénoncés, capturés et
exécutés pendant cette sombre période, est perpétuée grâce aux noms des rues châtenaisiennes. À nous de ne pas oublier que la liberté n’est jamais acquise, mais qu’elle doit être cultivée, et transmise aux générations futures.

Actualités

L’avenir de la Butte Rouge se joue désormais au Conseil d’État.
Le classement au rabais de la Butte Rouge à Châtenay-Malabry permettra de détruire 50% de la Cité-jardin, tout en ne protégeant que partiellement les 50% restants : des associations locales et nationales ont déposé un recours au Conseil d’État contre un arrêté de classement partiel en Site Patrimonial Remarquable (SPR) promulgué par Madame Rachida Dati.

Communiqué de presse du 20 août 2024

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