Une Histoire, une Culture, la cité-jardin de la Butte Rouge est en péril

Cité jardin de La butte rouge -Association Chatenay Patrimoine Environnement

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Editorial

Cité jardin de La butte rouge -Association Chatenay Patrimoine Environnement
Cité jardin de La Butte Rouge
Association Châtenay Patrimoine Environnement

La Cité-jardin de la Butte-Rouge est située à Châtenay-Malabry, au sud des Hauts-de-Seine. Reprenant un concept anglais, elle faisait partie du projet d’aménagement de Paris en 1919, qui consistait à implanter des cités-jardins en banlieue, un mouvement qui avait pour but un « urbanisme social » qui préfigurait les écoquartiers. 

Composée de 3 695 logements  implantés dans un écrin de verdure de 65 hectares, elle devait résorber la pénurie des logements en Région Parisienne.

Actuellement, son implantation est à l’intérieur du  périmètre de la Métropole du Grand Paris . Ce territoire a encore des espaces naturels comme la Vallée-aux-loups et la forêt de Verrières. Ces espaces marquent ce territoire et sont à protéger.

URBANISME

Comme dans de nombreuses cités-jardins, sa composition urbaine est très structurée. Deux axes
perpendiculaires se superposent aux routes enlacées qui suivent les pentes du site comme dans un village
traditionnel. Une forte déclivité du terrain est due à la présence d’un ancien cours d’eau : le ru de
Châtenay. Ces caractéristiques ont été prises en compte dans la composition urbaine du quartier.
Des places publiques rectangulaires, comme certains bâtiments en hauteur sont autant de points singuliers
qui structurent l’ensemble et donnent une certaine monumentalité à la composition.
La première et la deuxième tranche construites avant la 2e guerre mondiale, entre 1931 et 1940, sont
composées de 1543 logements (réf. IAURIF) principalement de hauteur traditionnelle R+2 à R+3 le long
des routes et autour des places;

Les tranches suivantes construites après la guerre, entre 1949 et 1960, comportent 2 200
logements* dont un immeuble sur pilotis dénommé la demi-lune et par la suite des bâtiments autonomes
implantés en bordure de la forêt.

PAYSAGES

Le travail du paysagiste André RIOUSSE a été particulièrement soigné. Il a su garder de nombreux arbres (il
y a 155 arbres dont 16 remarquables) et traiter les venelles et talus en harmonie avec la nature les
bâtiments. Des squares et parc s’ouvrent parfois sur de plus grands paysages. Des murets en pierres
sèches et des bassins agrémentent l’ensemble.

Les jardins familiaux ainsi que les cheminements piétons donnent un aspect champêtre au lieu et
participent à la vie sociale du quartier.
C’est un des écoquartiers historiques du « Grand Paris » car on y trouve de nombreuses références qui caractérisent les écoquartiers modernes  : insertion dans le site, végétalisation, gestion des eaux de pluie et des déchets par la valorisation énergétique des ordures ménagères via une chaufferie qui alimentait la piscine.


ARCHITECTURE

La diversité des formes des bâtiments est une des qualités architecturales du projet. Des toitures
terrasses, des jeux de volume une dissymétrie maîtrisée sont les marques typiques du « mouvement
moderne » et fonctionnaliste de l’architecture après la première guerre mondiale. On peut les comparer
aux bâtiments de l’architecte Robert MALLET-STEVENS, un des théoriciens du mouvement moderne de
l’architecture.
Les formes géométriques pures, un décor minimal, les formes rectangulaires des ouvertures ainsi que des
parois enduites évoquent le style « Bauhaus »
Les cages d’escalier sont souvent en façade avec des surfaces vitrées de forme cylindrique ou
parallélépipédique, elles marquent l’axe du bâtiment. Les adaptations au terrain, avec un approche
sensible du détail et l’intégration du végétal renforcent la qualité architecturale de la cité.
Le bâtiment de la demi-lune est fortement inspiré par les théories d’architecture de LE CORBUSIER avec
des pilotis au rez-de-chaussée et des ouvertures larges en étages.
Sur le plateau, les implantations des bâtiments créent des « closes » comme dans les cités-jardins à
l’origine en Angleterre. Ces cœurs d’ilots largement plantés participent à la vie sociale et à la végétalisation
de l’ensemble urbain.

Les galeries couvertes et les traitements des angles par des bâtiments arrondis sont autant d’éléments
architecturaux qui embellissent l’ensemble.

Les articulations entre bâtiments et les entrées avec un espace d’attente, sont souvent différents d’un
immeuble à l’autre.

PROJET SOCIAL

Les cités-jardins symbolisent une longue réflexion sur le logement des classes populaires et sa place dans
la ville. C’est en 1904 que Georges BENOIT-LEVY crée l’association des cités-jardins en France. Face à la
pénurie de logement, Henri Sellier avec l’office HBM de la Seine, lance en 1919 un concours pour
l’aménagement du Grand Paris, par la création de 17 cités-jardins. Il avait une vision humaniste et
hygiéniste de la planification urbaine. Ces réalisations existent toujours dont la Butte Rouge est un
exemple.
A l’intérieur du périmètre de la Butte Rouge, il y a de nombreux équipements collectifs : crèches, écoles,
collège, gymnases, terrains de sport et commerces mais aussi un dispensaire, une bibliothèque, un
cinéma, une salle de spectacle et une piscine. Certains équipements ont disparu d’autres ont été
transformés comme la piscine en théâtre.
De nombreuses fêtes ont été organisées autour des bassins de la cité. Il y a même eu une pièce de théâtre
réalisée à partir de l’histoire des habitants : « Une ville se raconte »
Comme dans le passé, la population qui habite la Butte Rouge a des revenus modestes (compris entre 12
683€ et 14 213€), elle est jeune (42% ont moins de 30 ans). Cet ensemble est composé de 100% de
logements PLAI avec une majorité de petits logements.
Une restauration est nécessaire mais en préservant l’esprit de sa conception : une ville dans un parc. C’est
un excellant témoignage de la qualité de l’urbanisme en France et c’est une préfiguration des écoquartiers
à venir, ne la détruisons pas.
Conclusion
Vu la pression foncière qui a cours dans cette partie du territoire de la Région Ile-de-France, il est
important de préserver les 65 hectares de la cité-jardin au regard de son histoire architecturale, paysagère
et urbaine car depuis un siècle elle est un modèle et demeure un idéal à suivre.
Un classement au titre de la mémoire de l’histoire urbaine est indispensable.

Nota : Les données marquées par un astérisque (*) sont extraites de l’étude de l’Ecole Nationale
d’Architecture Paris-Belleville : La Butte Rouge à Chatenay-Malabry

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